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Lire la suite – Newsletter octobre 2019

Interview d’un auteur-illustrateur : Chris Naylor-Ballesteros

Originaire de Bradford dans le nord de l’Angleterre, installé en France depuis presque vingt ans, Chris Naylor-Ballesteros se consacre depuis quelques années à la littérature jeunesse. La Valise, sorti dans le courant du mois d’octobre chez Kaléidoscope, est son premier album publié en français. Un récit sensible empreint de douceur et de bienveillance qui résonne puissamment avec l’actualité contemporaine.

D’où vous est venue cette idée de La Valise ?

Chris Naylor-Ballesteros : Cet album arrive après deux précédents livres où la source de mon inspiration était les besoins humains fondamentaux : manger, chercher l’amour… Posséder un logement, une maison était dans la continuité. Cela m’a semblé un bon fil à tirer. Mais autant les deux premiers étaient écrits sur un ton léger et humoristique, autant ce sujet ne se prêtait pas à l’amusement. C’était finalement un thème plus sérieux que je ne l’avais imaginé. J’avais du mal à enchaîner une histoire. J’étais un peu au point mort, tout en me disant que je tenais une bonne idée.

Comment les choses ont-elles décanté ?

C. N.-B. : Je fais beaucoup de crayonnés pour nourrir mon inspiration. Je me suis mis à dessiner un animal qui portait quelque chose sur sa tête. Au début, je ne savais pas très bien ce que c’était. Et en faisant évoluer le dessin, j’en suis arrivé à une valise. Et dans cette valise, j’ai imaginé que mon personnage avait rassemblé le peu de choses auxquelles il tenait plus que tout. Quand l’histoire a été plus aboutie, je l’ai racontée à mes enfants et ils l’ont approuvée !

Votre personnage a une apparence étrange, sans doute parce que c’est un étranger que les trois autres compères regardent bizarrement. Où avez-vous puisé votre inspiration ?

C. N.-B. : Jusqu’à présent j’avais dessiné un fourmilier, un phasme. Là, j’ai tâtonné, et ça donne cet animal qui évoque un peu une loutre. Il fallait que son apparence questionne, à la différence des trois autres (oiseau, lapin, renard), que le lecteur identifiera du premier coup d’œil. Je ne dessine que des animaux pour mes histoires. Il me semble que cela permet la distance nécessaire pour aborder des sujets difficiles ou des situations de la vie réelle. Mais peut-être vais-je me mettre à dessiner des personnages humains…

La Valise résonne particulièrement avec l’actualité des migrants, des réfugiés. Vouliez-vous faire passer un message à travers cet album ?

C. N.-B. : Mon intention n’était pas de raconter l’histoire d’un réfugié, mais évidemment cet album a mûri dans le contexte politique actuel dont je suis imprégné. Chacun lira ce qu’il aura envie d’y voir. J’aime à penser que cet album raconte aussi toute arrivée imprévue susceptible de perturber un ordre établi : un nouvel élève le jour de la rentrée des classes, de nouveaux voisins… Et comment chaque être humain décide de s’ouvrir à l’autre ou de le rejeter. D’accorder sa confiance ou de se méfier. De mieux faire connaissance ou de préférer rester dans ses préjugés. Ce n’est pas toujours facile. Cet album parle de la peur que nous avons tous face à l’inconnu, l’imprévu, l’étranger.

Dans la valise, on découvre une tasse de thé. Un clin d’œil à vos origines britanniques ?

C. N.-B.  : Sans aucun doute. (Rires.) Même si j’aime bien un petit expresso, la tasse de thé de 10 heures reste un rituel !

Comment êtes-vous arrivé à la littérature jeunesse ?

C. N.-B. : J’ai fait des études de graphisme et d’illustration. J’ai toujours acheté beaucoup d’albums. Je suis très fan de littérature jeunesse. J’en ai beaucoup lu à mes deux enfants aujourd’hui âgés de 15 et 12 ans. Un jour, je me suis dit qu’il fallait que je me lance à mon tour. Je suis bien occupé. J’enchaîne les projets. Je m’épanouis complètement dans cette activité, même si ce n’est pas toujours facile de trouver la bonne idée qui fera le bon album.

La Valise est votre premier album publié en France. Qu’est-ce que cela vous inspire ?

C. N.-B. : Une très grande joie ! Vivant en France depuis de nombreuses années, j’étais très frustré. Découvrir mon livre en français a été un réel bonheur. Mon fils aîné a fait le tour des librairies de Limoges, où nous vivons, pour faire des photos !

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Propos recueillis par Claudine Colozzi

Octobre 2019

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Coulisses d’une nouveauté : Le Petit Chaperon rouge de Beatrix Potter et Helen Oxenbury

Bonne nouvelle : il existe encore des manuscrits inédits de la grande Beatrix Potter ! Jamais publiée de son vivant, sa version du Petit Chaperon rouge est pleine de suspens et de noirceur. Illustré par Helen Oxenbury, fidèle du catalogue de Kaléidoscope avec son mari John Burningham, ce texte qui n’a pas cessé d’inspirer des générations d’auteurs et d’illustrateurs trouve ici une nouvelle jeunesse. L’humour y affleure même pour conjurer les mauvaises intentions du loup.

Ce qu’en pense Camille Guénot, éditrice chez Kaléidoscope :

« Cette réécriture du Petit Chaperon rouge est un compromis entre la version de Charles Perrault et celle des frères Grimm. Assez sombre, cruelle et amorale. Dans le texte, aucun doute possible sur l’issue fatale pour le Petit Chaperon rouge. Le récit est de facture classique, au sens noble du terme, mais Beatrix Potter lui donne une dimension poétique et champêtre savoureuse. Nous sommes plongés dans la beauté romantique de la campagne anglaise. Helen Oxenbury a dépeint ce cadre pastoral avec beaucoup d’élégance et a su prendre une distance humoristique par rapport à la noirceur de l’histoire. Un régal, dans la tradition du plus pur classique britannique ! »

Ce qu’en pense Rose-Marie Vassallo, traductrice :

« Quelle joie de traduire ce texte ! J’ignorais totalement que Beatrix Potter avait laissé un tel inédit. Elle glisse avec délicatesse de nombreux détails visuels dont Helen Oxenbury s’est emparée pour nous transporter dans cette campagne anglaise bucolique où le potager regorge de petits pois et de choux. Rien n’est mièvre dans cette version du Petit Chaperon rouge, bien au contraire ! Les enfants d’aujourd’hui sauront percevoir la cruauté du récit, mais aussi son humour. J’ai aimé traduire ce texte, en respectant la vision qu’en a Helen Oxenbury. Par exemple, dans sa version, pas de galette ni  de pot de beurre, mais un briochon et une petite motte de beurre. »

Ce qu’en pense Helen Oxenbury, illustratrice :

« Difficile de résister au texte de Beatrix Potter : sa version du Petit Chaperon rouge évoque si vivement la campagne anglaise ! Les prairies en fleurs, les bosquets de bouleaux, les jardins potagers avec des rangs de pois sur des rames – autant de tentations pour mes pinceaux. » L’illustratrice confie avoir pris beaucoup de plaisir à dessiner ce personnage peu recommandable qu’est le loup ! De famélique, il finit repu, en ayant eu presque les yeux plus gros que le ventre. Ne se résignant pas à coller à la noirceur du texte, Helen Oxenbury a décidé de ne pas enfermer le lecteur. « Sur l’image finale, j’ai laissé le choix d’une fin à imaginer, en toute liberté, pour les âmes sensibles. Pas sûr qu’un loup ainsi lesté puisse semer une bande de bûcherons lancés à sa poursuite… »

L’histoire

« Il était une fois, dans un village, la plus adorable des petites filles… » Ainsi débute l’histoire du Petit Chaperon rouge. Depuis plus de trois siècles, de nombreuses versions de ce conte devenu un grand classique de la littérature jeunesse ont été écrites. Beatrix Potter, elle, renoue avec la noirceur du conte originel écrit par Charles Perrault mais Helen Oxenbury y représente les chasseurs que l’on trouve dans la version des frères Grimm. Le loup rencontre la fillette dans la forêt, découvre qu’elle va rendre visite à sa grand-mère. Il piège la vieille dame, la dévore et prend sa place. Il attend le Petit Chaperon rouge et la mange aussi. L’histoire se termine par la victoire du loup.

L’autrice

Beatrix Potter (1866-1943) est sans conteste l’un des auteurs pour enfants les plus populaires. À partir de son premier livre, L’Histoire de Pierre Lapin, elle a créé une série d’histoires basées sur des personnages animaliers, notamment Madame Piquedru la blanchisseuse ou Sophie Canétang, la cane naïve. D’abord publiée à compte d’auteur, elle a vite été repérée par un éditeur. Elle connaîtra ensuite un grand succès que les décennies n’ont jamais démenti. La preuve : ses contes humoristiques et vivants et ses belles illustrations font toujours partie des incontournables de la littérature jeunesse. Son œuvre a été traduite dans plus de 50 langues.

L’illustratrice

Helen Oxenbury a charmé des générations d’enfants avec ses illustrations. Parmi ses nombreux ouvrages, La Chasse à l’ours, écrit par Michael Rosen, est devenu un classique de la littérature jeunesse. En 2018, elle remporte avec son époux aujourd’hui décédé, le talentueux auteur de livres pour enfants John Burningham, le BookTrust Lifetime Achievement Award, un prix britannique qui récompense l’ensemble de la carrière d’un artiste. C’est la première fois dans l’histoire du prix qu’il est attribué à deux auteurs simultanément. Et de surcroît à un couple, tant il a été difficile de les départager !

Les éditions Kaléidoscope ont publié Le Bondivore géant (texte : Julia Donaldson), La Chasse à l’ours (disponible en album classique, version tout carton) et Dodo, l’enfant do, écrit par Timothy Knapman.

 

Claudine Colozzi

Octobre 2019

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