Lire la suite – Newsletter octobre 2017
Jouer à cache-cache est un divertissement universel. Simple à organiser, il permet de s’amuser longtemps à deux ou à plusieurs à l’intérieur comme à l’extérieur. Plus le terrain de jeux regorge de cachettes difficiles à identifier, plus le plaisir – ou l’angoisse – croît pour celui qui est caché comme pour celui qui trouve. C’est ce qu’expérimentent une grande sœur et son petit frère dans Retrouve-moi !, le dernier album du célèbre auteur jeunesse britannique Anthony Browne. Quand leur chienne Goldie disparaît, Poppy et Cyril décident de se lancer dans une partie de cache-cache pour se changer les idées. « Neuf… Dix… Prêt ? J’arrive ! » crie Poppy, l’aînée. Mais où a bien pu se cacher Cyril ? Petit à petit, l’inquiétude des deux personnages grandit…
Dans Retrouve-moi !, Anthony Browne revisite des thèmes chers, comme la complicité entre frère et sœur déjà mis en scène dans Le tunnel ou l’ambiance un peu oppressante de la forêt de Dans la forêt profonde. À cela, il ajoute une dimension ludique en initiant au fil des pages une partie de cache-cache avec ses lecteurs.
Dans l’univers des albums jeunesse, les « cherche et trouve » occupent une place très prisée par les enfants. Les illustrations contiennent de nombreux détails et clins d’œil qu’il faut identifier. Anthony Browne aime qu’il existe différents niveaux d’appropriation de ses livres. « Je pense que les enfants sont capables de percevoir beaucoup de choses, et des conversations peuvent se déclencher devant un livre illustré, conversations qui ne seraient jamais arrivées sans la lecture ou la contemplation », confiait-il dans un entretien avec Nicolette Jones, spécialiste jeunesse pour le Sunday Times et retranscrit par le site actualitte.com.
En parcourant les pages de Retrouve-moi !, les jeunes lecteurs sont invités à solliciter au maximum leur sens de l’observation. Cet album est aussi le moyen de partager un moment de lecture complice, où adultes et enfants se livreront à une compétition acharnée pour retrouver les personnages, objets ou animaux malicieusement dissimulés par l’auteur. À vous de jouer !
Octobre 2017
Interview d’une illustratrice : Kris Di Giacomo
Fidèle du catalogue de Kaléidoscope depuis une dizaine d’années, l’illustratrice Kris Di Giacomo a collaboré avec Fred Paronuzzi pour Le bébé géant, un album inspiré d’un conte traditionnel haïtien. Elle a pris beaucoup de plaisir à illustrer cette histoire avec la tendresse et l’humour qui caractérisent son trait.
Comment avez-vous abordé cette histoire de bébé géant qui veut tout faire tout seul sans l’aide de ses parents ?
Kris Di Giacomo : Je l’ai pris comme un défi. Au départ, j’ai trouvé que ce conte était un peu éloigné de mon univers, mais finalement, j’ai pu y insuffler de l’humour. J’ai essayé de m’emparer de la dimension comique de cette histoire.
Quand vous lisez un texte pour la première fois, les images vous viennent immédiatement ?
K.D.G. : Oui, assez facilement. Je me lance dans quelques crayonnés. Les choses se mettent en place petit à petit. Après, le marathon commence ! Je ne suis pas très disciplinée. J’essaie de saisir l’inspiration quand elle vient. Ce n’est pas linéaire. Il y a des moments où l‘on est plus ou moins créatif.
Le texte du Bébé géant est signé Fred Paronuzzi. Vous avez plus l’habitude de travailler avec Michaël Escoffier, autre auteur incontournable de Kaléidoscope. Parlez-nous de cette collaboration.
K.D.G. : Michaël et moi, nous nous connaissons depuis plus de dix ans. Notre premier album Pourquoi les chauves-souris préfèrent sortir la nuit ? est paru chez Kaléidoscope en 2008. Cette première collaboration a ouvert la voie à d’autres albums. Nous échangeons beaucoup de manière très constructive. Je prends en compte ses commentaires, nous cheminons ensemble. C’est très précieux et rare. La plupart du temps, c’est un métier de solitaire.
Pourquoi avoir choisi cette voie de l’illustration ?
K.D.G. : Elle s’est un peu imposée à moi. J’ai fait des études d’arts plastiques sans trop savoir ce que je voulais faire. J’ai découvert que j’aime beaucoup mettre en images les mots des autres.
Comment travaillez-vous ?
K.D.G. : De manière très classique, je commence avec mes crayons et du papier blanc. Après, je scanne mes croquis originaux. Dans un deuxième temps, j’entreprends des combinaisons avec des éléments qui sont déjà sur mon ordinateur. J’ajuste les couleurs, la lumière, la composition pour parvenir à l’illustration finale.
Vous dessinez souvent des animaux. Comment vous y prenez-vous ?
K.D.G. : Oui, des animaux auxquels je prête des attitudes ou des émotions d’êtres humains. Dessiner des animaux offre une grande liberté. On échange beaucoup à ce sujet avec Michaël Escoffier. Il me dit parfois : « Quel animal as-tu envie de dessiner ? » Dans On verra demain, Paco, le personnage central, est un paresseux. J’ai dû faire de nombreuses recherches pour savoir à quoi ressemblait ce drôle d’animal et ensuite me l’approprier. J’ai hâte de savoir quel sera le prochain !
Propos recueillis par Claudine Colozzi
Octobre 2017