Lire la suite – Newsletter Novembre 2015
Interview Spécial Salon du livre et de la presse jeunesse de Montreuil 2015
« C’est très gratifiant de voir l’engouement des enfants. »
Avec Isabel Finkenstaedt, directrice éditoriale de Kaléidoscope
Comme chaque année, toute l’équipe de Kaléidoscope se prépare à vivre une semaine de folie au Salon du livre et de la presse jeunesse Seine-Saint-Denis qui aura lieu du 2 au 7 décembre 2015 à Montreuil. Parmi les actualités de cette 31e édition : les 150 ans d’Alice au pays des merveilles et la parution d’un ouvrage en solidarité avec les réfugiés.
Le Salon du livre et de la presse jeunesse célèbre le 150e anniversaire de la première publication d’Alice au pays des merveilles. Vous en avez édité une version illustrée par Anthony Browne en 1989 alors que vous veniez à peine de créer Kaléidoscope. Un sacré défi pour une toute jeune maison d’édition ?
Isabel Finkenstaedt : Un album grand format de 128 pages, c’était une prise de risques en effet ! On sait que c’est un livre qui s’adresse autant aux adultes qu’aux enfants. L’ayant lu tardivement, en anglais, je percevais aussi toute la difficulté d’en proposer une bonne traduction. Celle d’Henri Parisot restitue tous les jeux de mots loufoques, les sous-entendus, la manière dont Lewis Carroll a joué avec le langage. Et les dessins d’Anthony Browne, ses trouvailles graphiques, ses clins d’œil humoristiques, ses références à la peinture surréaliste s’accordent tellement bien à l’univers d’Alice. Je suis très fière d’avoir un tel ouvrage dans notre catalogue.
Une grande exposition sera consacrée à ce grand classique de la littérature jeunesse. Que pourra-t-on y voir ?
I.F. : Wonderland, la logique du rêve présentera les différentes interprétations d’Alice, en commençant par celles des premiers illustrateurs, Lewis Carroll lui-même et John Tenniel. Le travail de cinq autres illustrateurs contemporains, Rébecca Dautremer (dont je suis une grande fan !), Chiara Carrer, Benjamin Lacombe, Gilles Bachelet et Anthony Browne, sera aussi mis en valeur au travers d’une installation multimédia.
Cette année, en résonance avec l’actualité des réfugiés, les éditeurs jeunesse se mobilisent autour d’un projet. En quoi consiste Eux, c’est nous ?
I.F. : Un collectif d’éditeurs jeunesse dont Kaléidoscope fait partie, le Salon du livre et de la presse jeunesse et les libraires se sont associés pour une action de solidarité à l’égard des réfugiés. L’album Eux, c’est nous, composé de textes de Daniel Pennac, de Jessie Magana et Carole Saturno, illustrés par Serge Bloch, sera vendu au prix de 3 euros. L’intégralité des ventes sera reversée à la CIMADE, association œuvrant depuis des années auprès des migrants, des réfugiés et des demandeurs d’asile.
Le Salon du livre et de la presse jeunesse Seine-Saint-Denis est un moment important pour l’édition jeunesse. Qu’aimez-vous dans ce rendez-vous ?
I.F. : Il s’agit évidemment d’une belle vitrine pour l’édition jeunesse, mais c’est aussi un moment convivial de rencontres entre éditeurs fiers de cette mise en valeur de leur travail. C’est aussi un temps de partage avec le public. Pour une éditrice, il n’est pas si fréquent d’avoir des retours aussi directs de ses lecteurs. C’est très gratifiant de voir l’engouement des enfants pour nos albums et leurs auteurs à travers les séances de dédicaces. Et puis il y a des habitués qu’on a plaisir à retrouver ! Je pense notamment à cette dame qui vient chaque année vêtue d’un chandail en jacquard tricoté main, clin d’œil au célèbre Marcel d’Anthony Browne, ou à ce collectionneur d’autographes qui se promène avec un cahier qui constitue une vraie mine d’or depuis toutes ces années !
Novembre 2015
Dans les coulisses d’un album…
Lièvre et Ours sous la neige
Dix ans qu’Isabel Finkenstaedt a craqué pour les dessins, l’humour et l’expressivité des personnages d’Emily Gravett. Depuis le premier album Les Loups, les ouvrages de l’auteure et illustratrice britannique sortent régulièrement chez Kaléidoscope. En 2015, place à deux nouveaux personnages pour les tout-petits avec la parution de Lièvre et Ours sous la neige, précédé au printemps d’un premier opus Lièvre et Ours vont à la pêche. Lièvre et Ours, un duo de personnages comme les dessins animés, la BD ou le cinéma les affectionnent. Deux super copains aussi différents que complémentaires. Ours est tout en rondeurs ébouriffées, Lièvre est mince avec d’immenses oreilles, mais les deux gaillards ont en commun des yeux rieurs, un charmant sourire et une sacrée connivence.
Nous les avions quittés après une surprenante partie de pêche qui s’était révélée beaucoup moins ennuyeuse qu’il n’y paraissait. Les premiers frimas venus, les voici prêts à déguster les plaisirs d’une belle journée enneigée : sortir sa langue de sa bouche pour qu’y fondent doucement quelques flocons, laisser ses empreintes dans la poudreuse, se livrer une bataille de boules de neige, confectionner un bonhomme à son effigie… Bien sûr, Lièvre semble parfois se moquer d’Ours : c’est de bonne guerre. Mais nulle animosité entre ces deux-là, bien au contraire. Amitié et complicité, jusque dans le partage final d’un roboratif chocolat chaud – ou peut-être est-ce une tasse de thé ? –, rythment cet album dont l’ouverture dans la couverture, en forme de médaillon, devrait amuser plus d’un lecteur. En quelques pages, Emily Gravett nous rend ce duo irrésistible et très attachant. Tant et si bien qu’on a hâte de les retrouver dans de nouvelles aventures. Un troisième album est en préparation pour 2016. On est prêts à patienter.