Lire la suite – Newsletter mars 2017
Interview d’une auteure-illustratrice : Anne Wilsdorf
« La créativité des enfants est sans limites »
Comment fait-on quand on meurt d’envie d’avoir un chien et que nos parents ne veulent rien entendre ? Dans « Mon chien a des plumes« , Lula Mae décide de transformer un poulet en animal de compagnie. L’occasion de retrouver, deux ans après l’album « Sophie et sa courge« , l’illustratrice Anne Wilsdorf, une fidèle de Kaléidoscope.
Lula Mae, la petite fille de « Mon chien a des plumes », et Sophie, l’héroïne de « Sophie et sa courge », ont en commun une détermination sans faille. Avez-vous vu des ressemblances entre ces deux personnages ?
Anne Wilsdorf : Dès la lecture de « Mon chien a des plumes », j’ai pensé à Sophie, histoire pour laquelle j’ai beaucoup de tendresse. Quand ils veulent quelque chose, la créativité des enfants est sans limites ! Lula Mae désire tellement avoir un chien qu’elle entraîne ses parents malgré eux dans cette aventure. Tout comme les parents de Sophie tentaient de la dissuader de s’amouracher d’une courge et cédaient finalement face à la force de conviction de leur fille.
Lula Mae choisit un poulet, le rebaptise Pookie, lui noue un ruban sur la crête et décide que ce sera sa chienne de compagnie. C’est le type de situation cocasse qui nourrit votre inspiration…
A.W. : Absolument. Quand on a été parents, on sait combien les enfants sont capables de s’investir, d’aimer des choses qui nous apparaissent insignifiantes. Et tant mieux si c’est bizarre, voire un peu dérangeant comme situation !
Vous illustrez des textes. Vous êtes aussi auteure-illustratrice d’albums comme « Jujube » ou « M’Toto », chez Kaléidoscope. Que préférez-vous ?
A.W. : Quand je reçois des textes comme « Sophie et sa courge » ou « Mon chien a des plumes », je suis ravie parce que je me dis que j’aurais pu les écrire. Ils me parlent tout de suite. Je dessine assez vite. J’aime être dans l’action. J’aime aussi imaginer des histoires. Je me rends compte que j’ai encore plein d’idées. Je me lève très tôt, je travaille beaucoup. Un véritable rat d’atelier. Cela fait une trentaine d’années que je crée des albums pour la jeunesse et la passion est intacte.
Continuez-vous à aller à la rencontre de vos lecteurs ?
A.W. : Oui, je réponds toujours aux invitations que l’on me lance. Je me déplace avec plaisir en Suisse où je vis ou en France. L’énergie des enfants fait du bien. Comment s’en lasser ? C’est mieux quand l’enseignant(e) a préparé ma venue et que les enfants ne se demandent pas : « Qui est cette dame ? » Quand ils ont lu les albums avant, ils ont toujours des questions auxquelles on ne s’attendait pas. J’aime le regard très ouvert et très curieux qu’ils portent sur le monde. J’essaie de réaliser quelque chose avec eux pour qu’ils gardent une trace de ce moment partagé.
Propos recueillis par Claudine Colozzi
Mars 2017
Dans les coulisses d’un album… « Jour de musique »
La musique adoucit les mœurs. C’est sans doute ce que pensait mademoiselle Yodelle en décidant ce matin-là de sortir une boîte remplie d’instruments. Cris de joie enthousiastes dans la classe ! Ours veut jouer de la flûte, Cochon empoigne les cymbales, Chien attrape les baguettes du tambour, Lapinoute souffle déjà dans la trompette. C’est magique : tous les enfants sont attirés par la musique. Mais l’institutrice a-t-elle choisi le bon moment pour familiariser ses jeunes élèves à la pratique d’un instrument ? Va-t-elle parvenir à canaliser leur énergie débordante ? « Si vous n’apprenez pas à vous écouter les uns les autres, vous ferez juste du bruit, pas de la musique », suggère-t-elle. Oui, la musique demande de la concentration, mais chacun semble peu disposé à se calmer. On se dispute, on embête son camarade, on « kidnapique » ou « bousibouille » le dessin de son voisin… En l’absence de la maîtresse partie chercher sa flûte, un brouhaha s’installe dans la classe. On ne s’entend plus. Jusqu’à ce que mademoiselle Yodelle décide de mettre de l’ordre dans cette cacophonie !
Cinq ans après « Jour de piscine », on a plaisir à retrouver les sept héros nés de l’imagination de Christine Naumann-Villemin et Éléonore Thuillier. La leçon de musique a succédé à la leçon de natation. Avec toujours la même cocasserie tendre pour décrire ces garnements que la musique transforme d’un coup de flûte magique. Quand on n’arrive plus à communiquer ou être compris par les autres, la musique serait-elle le meilleur exercice pour développer ses capacités d’écoute, d’expression et de sensibilité ? Le livre refermé, parents et enfants improviseront peut-être un petit concert. En avant la musique !
Claudine Colozzi
Mars 2017