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Lire la suite – Newsletter juin 2016

Coulisses d’un illustrateur : Stéphane Henrich

Châteaux de sable est le neuvième album de Stéphane Henrich publié chez Kaléidoscope. Retour sur les autres livres de cet illustrateur autodidacte qui plongent le lecteur chaque fois dans un univers très contrasté et véhiculent toujours des messages forts.

Moi, Berlioz, chien de la cloche (2010)

L’histoire

Berlioz, le corniaud, a été trouvé dans une poubelle, recueilli et élevé par Jeannot, un clochard. Ils sont devenus copains d’infortune. Jeannot nourrit Berlioz et prend soin de lui. Mais à voir se pavaner certaines « mijaurées » aux côtés de leurs riches propriétaires, Berlioz se prend à rêver à une vie meilleure. Il décide de se faire la belle pour suivre une vieille dame dans son luxueux appartement.

Ce qu’il en dit

La marge m’intéresse, d’où l’idée de cet album que j’ai envoyé à beaucoup d’éditeurs. Isabel Finkenstaedt m’a répondu positivement. C’était mon premier album pour la jeunesse. Elle m’a épaulé dans la réécriture, m’a donné quelques codes de la littérature jeunesse. C’est elle qui a accentué le côté « Titi parisien » de Berlioz.

 

Ah, Varsovie… ! (2011)

L’histoire

Dans ce conte yiddish, un petit tailleur polonais, qui n’a jamais quitté son village perdu dans la campagne, rêve de Varsovie. Sa vie familiale, paisible et heureuse, ne le comble plus. Varsovie l’obsède tant qu’un jour il décide de quitter femme et enfants pour poursuivre son grand rêve en se rendant dans la grande ville…

Ce qu’il en dit

C’est peut-être l’album le plus autobiographique. Cette insatisfaction perpétuelle qui est un trait de caractère tellement humain.

 

Chasse au gorille (2011)

L’histoire

« Mon illustre réputation me conduit aujourd’hui en Afrique. Ma mission est de capturer un gorille et de le ramener vivant. » Ainsi débute le journal de bord de Lord Dickinson, un explorateur légèrement prétentieux et insupportable. Mais la mission se révèle ne pas être de tout repos et le flegmatique Dickinson va se retrouver en fâcheuse posture…

Ce qu’il en dit

J’ai voulu me frotter au récit d’aventures qui respecte les codes du genre tout en s’en moquant. Mon explorateur raconte un peu n’importe quoi. C’est un héros grotesque, qui incarne bien cet orgueil occidental que représente le colonialisme.

 

Au cochon d’Émile (2012)

L’histoire

Émile le boucher avait tout pour être heureux, un métier qu’il aimait, une clientèle fidèle, mais il lui manquait l’essentiel… Voici que débarque dans sa vie un adorable cochon de lait. Même s’il connaît son métier, au moment d’abattre son couperet, voilà qu’Émile se révèle incapable de tuer l’innocent. Le mignon s’attache à Émile qui décide de l’adopter jusqu’à ce qu’il découvre l’horrible vérité et s’enfuit… Émile est inconsolable…

Ce qu’il en dit

Ce livre puise son inspiration dans un épisode très désagréable. J’ai eu l’occasion de participer à une battue de sangliers. J’ai détesté. J’en ai fait des cauchemars. Le cri du marcassin devant sa mère est resté longtemps dans ma mémoire. Au final, ce n’est pas une ode au végétarisme. J’ai eu des retours de bouchers heureux de la manière dont j’avais parlé de leur profession.

 

Eden et Kao (2012)

L’histoire

Un pirate sanguinaire et son équipage sillonnent les mers à la recherche de trésors. Sur son épaule gauche, Kao, un perroquet rouge, lui crie « À l’abordage ! » et lui suggère toujours d’attaquer. Sur sa droite, le perroquet vert, Eden, le pousse à la modération. Quelle voix le capitaine écoutera-t-il le plus ? Celle de la pusillanimité ou celle de la prudence ?

Ce qu’il en dit

Le livre de pirates… un classique de la littérature jeunesse. Je me suis souvenu de mes lectures de Tintin quand Milou est tiraillé entre l’ange et le démon qui lui dictent de prendre des voies opposées : celle de la passion et celle de la raison.

 

Le procès (2013)

L’histoire

C’est une affaire tragique et banale qui va être jugée par le tribunal des animaux : un loup est accusé d’avoir mangé un agneau. Est-il coupable ? Oui. Peut-il prétendre à des circonstances atténuantes car il avait faim ? Peut-être. Au fait, c’est quoi, des circonstances atténuantes ? Et quel est le rôle de chaque intervenant dans un tel procès ?

Ce qu’il en dit

C’est mon album préféré. J’aime beaucoup les faits divers, pour leur côté révélateur de la nature humaine. Comme je m’étais beaucoup inspiré de l’avocat Éric Dupond-Moretti, je lui ai envoyé la maquette du livre. Sa dédicace « C’est avec gourmandise que j’aurais défendu ce loup ! » me touche beaucoup. Il a été sensible à mon travail.

 

La contrebasse (2013)

L’histoire

Le papa de Charlotte n’a qu’un gros regret dans la vie : il aurait aimé être contrebassiste. Alors, quoi de plus naturel que de vouloir partager – mieux, transmettre – son ambition à sa fille ? Emporté par son enthousiasme, Rémy Lamy ne prend pas conscience du désintérêt de Charlotte pour cet encombrant instrument. Il souhaite ardemment lui transmettre son amour de la musique. Car Charlotte a déjà un rêve et ce n’est pas celui de son cher papa…

Ce qu’il en dit

Le poids du rêve du père est lourd à porter pour la fillette. Peut-être que le message est de dire aux enfants : « Ne laissez pas vos parents compenser, réparer quelque chose avec vous. »

 

Sylvestre s’en va-t-en-guerre (2014)

L’histoire

Sylvestre, pigeon voyageur à la retraite, est réquisitionné avec son ami Léon durant la Grande Guerre pour servir sa patrie. De son regard de volatile, enrôlé un peu malgré lui dans une aventure à laquelle il ne comprend pas grand-chose, émerge une perception des conflits à la fois candide et terrible…

Ce qu’il en dit

Choisir de raconter la grande histoire à travers le regard de ce pigeon, c’était aussi une manière de remettre en lumière l’incroyable rôle des animaux pendant le premier conflit mondial.

Propos recueillis par Claudine Colozzi

 

 

 

Dans les coulisses d’un album…

Châteaux de sable de Stéphane Henrich

 

C’est l’été. Ça fleure bon les vacances, le bord de mer, la crème solaire et… les châteaux de sable. En robe légère et chapeau blanc, une main tenant hardiment une pelle presque aussi grande qu’elle, une autre glissée dans la main de son père, une petite fille s’apprête à passer un bon moment sur la plage. Dans une ambiance un peu rétro qui rappelle celle des Vacances de M. Hulot, papa bouquine tandis que la fillette fait des pâtés. Quand soudain arrive un petit garçon qui se lance à son tour dans une construction en sable un peu plus élaborée. Applaudissements nourris de son paternel gonflé d’orgueil, air satisfait du garçonnet… Il n’en faut pas plus pour inciter le premier père à prêter main-forte à sa fille. Et voilà que s’engage une compétition forcenée entre les deux hommes pour bâtir le plus beau des châteaux de sable. Sous le regard étonné des deux enfants qui finissent par laisser en plan leurs géniteurs pour jouer plus loin sur la plage ! D’où vient cette obstination à construire de fragiles édifices promis à la destruction par les vagues ? Mystère…

Album sans texte, où l’adulte et l’enfant lecteurs se plairont à imaginer les dialogues de cette course à l’échalote puérile et très drôle, Châteaux de sable exhale un parfum d’impertinence joyeuse. Fasciné par l’innocence de l’enfance malmenée par le monde adulte, Stéphane Henrich croque deux mondes que tout oppose. Il nous rappelle l’incroyable sociabilité qu’ont quasiment tous les enfants, cette capacité à s’immiscer avec aisance dans un groupe, à nouer le contact, à aller à la rencontre de l’autre… Quand les adultes préfèrent se livrer à de vaines batailles. La mer qui monte se chargera de balayer toute cette vanité masculine…

Claudine Colozzi

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