Lire la suite – Newsletter février 2015
Dans les coulisses d’une nouveauté
Sophie et sa courge
Les enfants s’inventent souvent un compagnon imaginaire. Mais se prendre d’amitié pour une cucurbitacée, comme l’héroïne de cet album, c’est assurément moins courant ! « Par une belle journée d’automne, Sophie choisit une courge au marché des fermiers. Ses parents pensent mettre la courge au menu du dîner, mais Sophie a une autre idée. » Ainsi débute une incroyable complicité entre Sophie et sa confidente charnue. « Je suis contente de t’avoir rencontrée, les vraies amies sont dures à trouver. » Malgré les avertissements de ses parents, qui la mettent en garde contre l’inéluctable destin de son amie, la fillette ne veut rien entendre et coule des jours heureux avec son amie. Elle en est persuadée : Bernice et elle, c’est pour la vie ! Jusqu’au jour où…
Sophie et sa courge est le premier album de l’Américaine Pat Zietlow Miller. « J’ai découvert l’histoire de ce livre dans une newsletter américaine, se souvient Isabel Finkenstaedt. J’ai été emballée. Et quelle surprise de découvrir qu’Anne Wilsdorf en avait signé les illustrations ! Nous l’aimons beaucoup : M’Toto ou Jujube sont des livres qui ont marqué Kaléidoscope. » Sorti en 2013 aux États-Unis, après avoir été retoqué par de nombreux éditeurs, Sophie et sa courge a été salué par la critique américaine et remporté de nombreux prix. L’histoire puise son inspiration dans la propre vie de Pat Zietlow Miller. Comme Sophie, la fille de Pat, Sonia, aujourd’hui âgée de 13 ans, s’est amourachée d’une courge quand elle avait 3 ans. Elle lui avait dessiné un visage et la transportait partout emmaillotée dans une couverture ! « J’aime beaucoup l’humour du livre, s’enthousiasme Isabel Finkenstaedt. La mère a une réaction très saine. N’importe quel parent s’inquiéterait pour son enfant. Elle reste impassible quand sa fille lui présente Bernice, sa nouvelle amie ! » À la différence des parents de Sophie, Pat Zietlow Miller avoue, avec le recul, s’être montrée moins magnanime à l’égard de cette étrange amitié.
Interview à deux voix pour album à quatre mains
« Cet album est une sorte de road-movie sur un glaçon. »
Avec Jean Leroy et Sylvain Diez, auteurs de Deux manchots sur un glaçon.
Dans Deux manchots sur un glaçon, y a-t-il un message sur le réchauffement climatique ou sur les menaces environnementales ?
Jean Leroy : Pas du tout ! (Rires.) Le point de départ, c’est la personnalité du manchot. C’est un animal sur lequel on peut projeter beaucoup de qualités : drôle, endurant, obstiné. On a tous en tête les images du film La Marche de l’Empereur. En revanche, les animaux noirs sont un peu le cauchemar des illustrateurs !
Sylvain Diez : J’ai bien aimé dessiner des manchots, même si avec la couleur noire, les expressions du visage sont difficiles à restituer. On est un peu ton sur ton. D’où l’idée du bleu.
Deux manchots, c’est une idée plus intéressante à exploiter qu’un seul manchot en navigateur solitaire ?
J.L. : Le duo est toujours plus riche ! J’aime beaucoup celui que Sylvain a créé. L’un des deux manchots semble plus soucieux que l’autre de ce qui leur arrive.
S.D. : Oui. J’ai voulu leur donner un côté Laurel et Hardy.
Comment travaillez-vous ensemble ?
S.D. : C’est notre troisième album chez Kaléidoscope. Jean m’envoie un texte et un découpage très abouti. Il glisse quelques commentaires sur la manière dont il voit les choses. C’est une base de travail pour moi. J’ajoute ma touche personnelle. L’idée de les mettre en scène avec leurs valises ou allongés sur des transats naît de mon imagination.
J.L. : Je suis toujours étonné par ce que Sylvain propose, des petites choses que le lecteur ne verra peut-être pas à la première lecture (comme TITANIC écrit sur le grand paquebot noir). Nous échangeons beaucoup. Au début, l’un des éléments perturbateurs était le soleil qui faisait fondre le bloc de glace. Mais cela ne rendait pas grand-chose en dessin. J’ai fait évoluer l’histoire sur les conseils de Sylvain.
Un autre album sort simultanément : Capitaine ours blanc. Soudain, on a la surprise de retrouver ce personnage dans l’histoire des deux manchots, comme une sorte de guest star. Pourquoi ce choix ?
J.L. : Cela nous a amusés d’ajouter ce troisième lascar dans l’histoire, de créer une passerelle entre les deux albums qui sont complètement indépendants. C’est le genre de détail auquel les enfants sont très attentifs !
Cet album s’adresse aux tout-petits, dès 2 ans. À quoi vous attachez-vous plus particulièrement ?
J.L. : Cet album est une sorte de road-movie sur un glaçon qui ne cesse de rétrécir. Chaque fois que les deux personnages rencontrent un obstacle qui rétrécit leur espace, il y a un grand bruit matérialisé par un « CRAC ». Libre aux parents de mettre le ton nécessaire pour faire monter le suspens !
S.D. : Le trait est très simple, donc on peut s’amuser, et amuser le lecteur, avec de petites pointes d’humour. Le bonnet rouge de Capitaine Ours dans le sous-marin est un clin d’œil au commandant Cousteau. Les parents y seront sensibles ou pas ! C’est important de penser aux parents, premiers lecteurs de nos albums !
Février 2015