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Comment vous est venue l’histoire d’Ignace et de ses maux de ventre ?
Christine Naumann-Villemin : Enfant, je me souviens de cette boule qui grandissait dans mon ventre lorsqu’avec ma sœur nous nous rendions à notre cours de natation. Quelle épreuve ! J’ai voulu écrire un livre sur la somatisation, sur ces petits bobos qui nous envahissent et nous gâchent la vie. L’important, c’est de faire comprendre aux enfants qu’ils peuvent parler de ce qui leur fait peur. Mettre des mots sur son angoisse représente un premier pas pour s’en sortir. La Lapindicite est une sorte de livre médicament.
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Arnaud, quel sentiment avez-vous eu à la première lecture de ce texte ?
Arnaud Nebbache : Le thème du harcèlement, incarné par le personnage d’Hannibal, le racketteur, a attiré mon attention. J’ai rapidement vu qu’il pourrait donner matière à une composition très contrastée. Entre la douceur de l’environnement familial d’Ignace et la violence du milieu scolaire incarné par ce lapin agressif.
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Comment avez-vous travaillé ensemble ?
C.N.V. : Isabel [Finkenstaedt] a fait le lien entre Arnaud et moi. Je lui ai proposé un texte et elle s’est chargée de trouver un illustrateur. Selon les ouvrages, nous procédons ainsi. Parfois elle me demande de lui suggérer quelqu’un avec qui j’aimerais collaborer et parfois elle provoque la rencontre entre deux sensibilités.
A.N. : C’est ma première collaboration avec Kaléidoscope. J’ai réagi assez vite après la lecture du texte, en envoyant une sorte de déroulé du livre avec des crayonnés des différentes scènes. Puis nous avons beaucoup échangé. Le travail d’un illustrateur est d’abord solitaire. Cette manière d’avancer ensemble avec une éditrice est très nouvelle pour moi et m’a beaucoup apporté.
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Et vous, Christine, qu’avez-vous ressenti quand vous avez découvert le travail d’Arnaud ?
C.N.V. : La plupart du temps je travaille avec la même illustratrice, Marianne Barcilon, nous sommes très complices. Mais c’est toujours intéressant de sortir un peu de son cocon. Pour moi, c’est un peu comme passer Noël dans la maison familiale et puis s’envoler pour Bangkok pour les fêtes de fin d’année ! Une sorte de plongeon dans l’inconnu teinté d’un peu d’appréhension mais très dépaysant.
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C.N.V. : Dès qu’il s’est imposé, il m’a suffi de tirer le fil et le livre est venu.A.N. : De mon côté, j’ai tout de suite accroché sur cette « lapindicite ». Cela donne le ton : on aborde un sujet grave, mais d’une manière un peu légère. Je souscris aussi au recours aux animaux pour installer un peu de distance. Il aurait été plus difficile de raconter la même histoire à de jeunes lecteurs en mettant en scène de vrais enfants.
